Royal Philatélie Hesbignonne

 

Comment se procurer des timbres

par  Michel Feron

 

Où l’on apprend qu’il existe pour les philatélistes
de nombreuses sources d’approvisionnement en timbres

 

         Une fois que la décision de se lancer dans une collection de timbres a été prise, reste la question parfois épineuse de se procurer des timbres pour sa collection…

         Une première ressource est bien sûr de récolter les timbres figurant sur sa propre correspondance, ou, mieux, de récupérer la correspondance d’une firme importante ou d’une administration en contact avec le public. On ne récoltera cependant ainsi, sauf rarissime exception, que des timbres très communs. De plus, la proportion de courrier affranchi par d’autres moyens que les timbres ne cesse d’augmenter, réduisant ainsi de plus en plus la récolte que l’on peut faire…

         Les timbres neufs récents de Belgique peuvent bien sûr être obtenus aux guichets des bureaux de poste les plus importants. La poste belge, comme la plupart des autres, dispose d’un service philatélique qui se fait bien sûr un plaisir de vendre sa production aux collectionneurs. Ce service, anciennement appelé « Service des Collectionneurs » et maintenant baptisé « Stamps & Philately » dispose de deux « philaboutiques », installées l’une dans le bureau de poste central de Bruxelles, place de Brouckère, l’autre dans les locaux de l’Imprimerie du Timbre à Malines. On y vend, sauf épuisement, la plupart des timbres émis dans notre pays ces dernières années. Pour qui ne peut se déplacer, tous ces timbres peuvent être achetés par courrier ou sur Internet, en s’adressant à : La Poste, Stamps & Philately, Egidius Walschaertsstraat, 1, 2800 MECHELEN ou en se rendant sur le site http://www.post.be/eShop/fr/. Ce service publie d’ailleurs, sous le titre Philanews,  une revue paraissant cinq fois par an et annonçant toutes les nouvelles parutions. Chaque numéro contient un bulletin de commande reprenant toutes ces nouveautés. (On peut obtenir un abonnement gratuit à Philanews à l’adresse indiquée plus haut.)

         Pour vous faciliter encore plus la vie, Stamps & Philately vous offre la possibilité de vous abonner à toutes ces nouvelles émissions. Vous recevrez ainsi régulièrement tous les nouveaux timbres, selon les modalités que vous aurez choisies.

         En ce qui concerne les timbres des pays étrangers, il faudra généralement s’adresser à leur service philatélique, à moins que le pays choisi n’ait désigné un distributeur officiel pour la Belgique. Dans les deux cas, il est conseillé de prendre un abonnement, qui permettra d’être sûr de ne « rater » aucun timbre. Ces services philatéliques éditent généralement une revue similaire à Philanews, souvent gratuite également.

         Pour les timbres plus anciens, il faudra s’adresser à des fournisseurs privés… Le métier de marchand de timbres est relativement ancien, puisque le tout premier qui nous soit connu est un Belge, Jean-Baptiste Moens (1833/1904), qui, vers le milieu des années 1850, installa un rayon « timbre-poste » dans la librairie qu’il tenait galerie Borthier à Bruxelles. Il y a quelques années, certaines rues de nos capitales ne comportaient pratiquement que des boutiques philatéliques : c’était le cas de la rue du Midi à Bruxelles, de la rue Drouot à Paris et de la Fleet Street à Londres… De nos jours, hélas, ces boutiques laissent progressivement la place à des snack-bars, des magasins de nuit ou des officines de téléphonie à bas prix. Il n’en est pas moins vrai que la concentration des magasins de timbres y reste remarquable. Ces marchands disposent souvent d’un stock considérable et pourront sans nul doute satisfaire les demandes de la plupart des philatélistes. Beaucoup de philatélistes spécialisés ont leur marchand attitré, qui leur réservera les pièces entrant dans leur domaine de collection. Ces marchands se chargeront aussi volontiers d’estimer et/ou de racheter une collection dont on n’a que faire. Il ne faut pourtant pas oublier qu’une enquête (assez ancienne) de Test-Achats a démontré que l’honnêteté n’était pas très courante dans cette profession !

         Une autre possibilité est de fréquenter les bourses de collectionneurs. Ces bourses souvent dites « d’échanges » (« ruilbeurs » en néerlandais) rassemblent en fait de nombreux marchands « en chambre », ne possédant souvent ni registre du commerce, ni numéro TVA. En fait, les seuls échanges qu’on y pratique sont ceux contre argent sonnant et trébuchant… Ces bourses offrent cependant un vaste choix de timbres les plus divers, à des prix généralement fort raisonnables. Elles procurent en plus le plaisir de fouiller, des heures durant ou même toute une  journée, parmi des classeurs et des boîtes remplies de timbres et de plis divers. Ajoutons que ces bourses sont souvent organisées par des cercles philatéliques qui trouvent ainsi un moyen efficace d’assurer les rentrées financières nécessaires à leur fonctionnement.

         Il est aussi possible d’acquérir des timbres lors des réunions des cercles philatéliques : de nombreux membres sont tout disposés à vendre leurs doubles à des prix avantageux, et certains membres sont en fait des marchands non officiels. Beaucoup de cercles organisent également des ventes aux enchères inter-membres. C’est d’ailleurs dans les cercles que les prix pratiqués sont les plus bas.

         Un autre système de vente, fort original, pratiqué dans les cercles est celui des carnets de circulation. Les personnes désirant vendre des timbres les placent à cet effet dans de petits carnets à cases, où sont indiqués le numéro et la cote du catalogue, ainsi que le prix demandé. Ces carnets, groupés en « circulations », font le tour des cercles philatéliques de la région ou même du pays. Les personnes intéressées par des timbres contenus dans les carnets les prélèvent simplement et règlent le montant de leurs achats au responsable local, qui le transmet après vérification au responsable central. Lorsque le carnet a fini son long voyage de cercle en cercle (ce qui demande souvent deux ans), il fait retour à son propriétaire, qui reçoit en même temps le montant des prélèvements y effectués (moins un petit pourcentage destiné à couvrir les frais de fonctionnement). Ce procédé, à ma connaissance unique dans le monde de la collection, fonctionne sans trop de problèmes, malgré les risques multiples de vols ou de substitutions dans les carnets.

         Enfin, reste la possibilité d’acheter des timbres dans les ventes aux enchères. En philatélie, ces ventes sont toujours cataloguées. La plupart sont des ventes publiques, avec possibilité d’enchérir par téléphone ou par Internet. Parmi les organisateurs de ventes publiques, nous pouvons citer :

  • Ets W. Balasse, rue du Midi, 50, 1000 BRUXELLES, e-mail : balasse@skynet.be
  • Maison Williame sprl, rue du Midi, 7, 1000 BRUXELLES, e-mail : pierre.kayser@skynet.be
  • Van Looy en Van Looy, Lange Koepoortstraat, 43, 2000 ANTWERPEN, e-mail : info@vanlooystampauctions.com
  • David Delhaye 23, rue Marché aux  Charbons, 1000 Bruxelles, e-mail : ddsprl@hotmail.com
  • Luk Vanduffel pvba, Sint-Katelijnestraat, 34, 2000 ANVERS, e-mail : info@vanduffel.be
  • C. Soeteman, rue du Midi, 129-131, 1000 BRUXELLES, e-mail : corneille@soeteman.be
  • Sébastien Matthijs, passage Lemonnier, 8, 4000 LIEGE, e-mail : matthijs.philatelie@skynet.be

Toutes ces firmes accepteront de vous fournir gracieusement le catalogue de leur prochaine vente. Il est aussi souvent possible de consulter ce catalogue en ligne. Ces ventes publiques sont bien entendu soumises aux mêmes règles que les autres ventes publiques.

         Enfin, il reste la possibilité de participer à des enchères sur divers sites d’Internet. Outre le fait que les vendeurs peuvent provenir du monde entier, ces sites offrent l’avantage non négligeable de disposer d’un moteur de recherche efficace. Le plus connu est bien entendu eBay (http://www.befr.ebay.be/), mais le plus important pour la philatélie semble être le site Delcampe (http://www.delcampe.com).

         Examinons finalement le cas de l’amateur d‘histoire postale qui désire acheter des plis pour sa collection. Malheureusement pour ce spécialiste, les trouvailles d’archives privées se font de plus en plus rares, et les propriétaires des rares châteaux dont les greniers regorgeraient encore de vieilles lettres sont fort au courant de leur valeur dans le monde philatélique. Deux sources semblent définitivement épuisées : les archives privées des notaires et celles des marchands de vin de Beaune. Des trouvailles parfois fort intéressantes restent cependant possibles : ainsi, est arrivé il y a quelques années sur le marché philatélique un ensemble presque incroyable de correspondances des XVIème et XVIIème siècles adressées à ou provenant de membres de la famille de commerçants et banquiers italiens Corsini. Cette correspondance a été vendue en vente publique, à la grande joie des amateurs d’histoire postale ancienne, alors qu’elle aurait dû trouver sa place dans un musée ou une archive publique.

 
debuter

 

Lettre expédiée le 1er février 1577 depuis Bruges et adressée à Filippo Corsini,
agent de la famille à Londres
marque de port dû : « G3½» = 3 groats et demi

 

         L’acheteur des plis anciens doit bien se garder d’acheter des plis provenant du pillage des dépôts d’archives de l’état. De malhonnêtes philatélistes se sont en effet vite aperçus que les archives communales contenaient souvent de nombreuses lettres adressées au conseil communal. Un réseau de récupération (tout à fait illicite, bien entendu) a été vite été mis sur pied. C’est ainsi que, sur plainte émanant de l’Archiviste Général du Royaume, la police judiciaire a effectué une descente en nombre à Liège en 2004, dans les locaux où se tenait l’exposition philatélique compétitive nationale Leodiphilex 2004. Les policiers ne semblaient pas fort au courant des choses de la philatélie ni des archives, puisqu’ils ont mis sous séquestre toutes les collections contenant non seulement des plis adressés à des autorités officielles quelconques, mais aussi celles qui provenaient de telles autorités et se trouvaient donc très logiquement entre des mains privées. Depuis lors, la plupart des participants à la classe « histoire postale » des expositions philatéliques prennent bien soin de n’exposer aucune pièce ayant de près ou de loin quelque rapport avec une administration, quelle qu’elle soit…