Joseph-Ferdinand
Cheval est né à Charmes-sur-l’Herbasse (Drôme) le 19 avril 1836. Après
un passage à l’école primaire, il devient boulanger puis journalier.
Autant de métiers qui permettent à ce chef de famille – il est marié et
a un enfant – de vivoter. C’est alors que, quelques mois avant
d’atteindre l’âge limite (30 ans), il revêt le costume de préposé à la
distribution du courrier. Rien ne disposait donc Cheval, ni les
origines, ni l’instruction (sommaire), ni l’environnement, à devenir
pour l’éternité l’artiste connu dans le monde entier pour cette
construction à nulle autre pareille qu’on a fini par dénommé « le
Palais Idéal »les Durant sa tournée, «pour se distraire», il rêve qu’il
construit un plais imaginaire. Ce rêve, il va lui donner forme dès
l’année 1879.
Un jour d’avril 1879, alors qu’il
effectuait sa tournée dans la campagne des environs de Hauterives,
petit village de la Drôme, le facteur Joseph-Ferdinand Cheval bute sur
une pierre. L’érosion a donné à cette pierre une forme si bizarre qu’il
décide de la mettre dans sa poche. Il donnera plus tard à cette pierre
le nom de « Pierre d’Achoppement ». Le lendemain, en repassant au même
lieu, le préposé des postes s’arrête à nouveau, et découvre d’autres
pierres tout aussi singulières. «Puisque la nature veut faire la
sculpture, songe alors le fonctionnaire, je ferai la maçonnerie et
l’architecture.» C’est le début d’une aventure extraordinaire qui
allait se poursuivre jusqu’au début des années 1920.
Ferdinand Cheval a 33 ans, il est
robuste et obstiné. Au cours de ses marches, il empile ici et là des
pierres qu’il vient chercher le lendemain avec sa brouette. Il achète
un terrain, dessine des plans. Deux années lui seront nécessaires pour
construire une première cascade, dite « la Source de la Vie ».
Peu à peu le palais prend forme,
mêlant les modèles architecturaux les plus variés. La bible du facteur
est «Le Magasin pittoresque», un mensuel dans lequel il repère les
formes de temples hindous, d’églises médiévales ou de monuments
égyptiens. Le terme de palais n’est pas de Cheval, il parlait plutot de
« grottes, « rocher », « merveille ». Le terme de palais lui fut
suggéré tardivement, en 1904, dans un poème intitulé « Ton palais, ton
idéal », remis par un visiteur poète.
Après trente-trois années de
labeur, l’édifice est achevé. Le facteur Cheval aurait voulu y être
inhumé. Mais l’administration s’y oppose. Alors il reprend la truelle
pour ériger, dans le cimetière de la commune, sa propre tombe, du même
style, sur laquelle il gravera l’inscription: «Tombeau du silence et du
repos sans fin». Le facteur pouvait s’éteindre, ce qu’il fit en 1924, à
l’âge de 86 ans.
Quelques inscriptions sont gravées sur les murs du
palais. Entre autres, Cheval décrit ainsi les efforts consentis :
10 mille journées
93 mille heures
33 ans d’épreuves
Plus opiniâtre que moi se mette à l’œuvre
35000 sacs de chaux
1000 m³ de maçonnerie
coût : 5000 F
Dans une lettre autobiographique de 1905, il confie :
« De ce jour, j’ai parcouru les
ravins, les coteaux, les endroits les plus arides. [...] Je
transportais des paniers. [...] Ma tournée de facteur était de plus de
30 kilomètres par jour et j’en parcourais des douzaines avec mon panier
plein de pierres sur le dos, ce qui représentait une quarantaine de
kilos chaque fois. [...] Je faisais en parcourant la campagne des
petits tas de ces pierres ; le soir avec ma brouette, je retournais les
chercher. Les plus proches étaient à 4 ou 5 kilomètres, quelquefois
jusqu’à 10 kilomètres. Je partais parfois à 2 ou 3 heures du matin. »
Le Palais Idéal fut rapidement
considéré comme une œuvre d’art. Les surréalistes, en particulier,
appréciaient beaucoup cette forme d’ « art brut », et firent beaucoup
pour sa renommée. Le Palais Idéal est maintenant classé comme monument
historique, et se visite. De plus amples renseignements peuvent être
obtenus au tél. 00/33/475/68.81.19
Le Palais Idéal du Facteur Cheval,
classé monument historique, se visite.
Rens.: 04-75-68-81-19 ou site http://www.facteurcheval.com.
La Poste française lui a dédié un timbre touristique de 2,10 F émis en
1984, dessiné et gravé par Pierre Albuisson